Maintenant que Lionel Jospin a donné son feu vert au redémarrage des
réacteurs nucléaires de Belle-ville (Libération du 24 septembre), EDF peut bien le dire: il n'a jamais été question de manquer d'électricité cet hiver. Cette méchante rumeur, issue de l'intérieur même de la maison, n'avait aucun fondement. «Depuis quelques mois, nous avions une situation d'exploitation tendue avec cinq réacteurs nucléaires à l'arrêt de façon imprévue et une progression de la consommation de plus de 2%. Nous avions donc pris des dispositions pour faire face au problème», explique Pierre Bornard, directeur des mouvements d'énergie.
Le premier électricien mondial a économisé les réserves d'eau de ses centrales hydroélectriques. Il a mis le turbo sur ses centrales à charbon, arrêté certaines unités nucléaires pour économiser le combustible et surtout augmenté les importations d'électricité. Alors qu'il achète hors de l'Hexagone, lors d'une année normale, 500 à 700 mégawatts par jour (1), il s'est procuré depuis l'été 3 000 à 4 000 mégawatts quotidiennement, profitant d'«opportunités» bon marché.
Démentis tardifs. Ainsi, il a beaucoup plu en Suisse et en Autriche cette année, les centrales hydrauliques tournaient à plein régime, le coût de l'électricité était intéressant. EDF a sauté sur l'occasion en prévision des jours difficiles.
Ceux-ci, finalement, ne viendront pas. L'électricien va récupérer les réacteurs de Belleville dans les prochains jours, puis ceux de Chooz à la fin de l'année et enfin c