Tokyo de notre correspondante
Avec la faillite gigantesque de Japan Leasing, filiale de la banque de crédit à long terme en difficulté LTCB (voir Libération d'hier), le secteur financier japonais vient de connaître un nouveau cataclysme. Cette société laisse un passif de l'ordre de 105 milliards de francs. Soit, à peu de choses près, l'équivalent de ce qu'aura coûté le Crédit Lyonnais aux contribuables français. C'est la conséquence directe du compromis trouvé dans la nuit de dimanche à lundi, après des semaines de tractations, entre la majorité et l'opposition, sur la façon d'assainir le secteur bancaire et la nationalisation temporaire de la LTCB. Alors que le gouvernement plaidait pour le sauvetage de la banque et de ses filiales, l'opposition a obtenu ce que l'on pourrait qualifier de «nationalisation-sanction». La LTCB est placée dans le giron de l'Etat pour mieux être débarrassée de ses actifs malades comme la Japan Leasing et de ses dirigeants. Si l'opposition japonaise a dû se battre pendant des semaines pour forcer le gouvernement à accepter un plan radical d'assainissement du secteur bancaire, ce n'est pas par le seul souci d'efficacité économique. Le gouvernement de Keizo Obuchi avait d'autres bonnes raisons de vouloir éviter à tout prix un grand nettoyage. La LTCB joue en effet un rôle important dans le financement du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir. Et sa filiale Japan Leasing comptait parmi ses plus gros créanciers la Norinchukin Bank, l'équivalen