«Pour en finir avec l'ère Bill Gates!» Demain, ce slogan
enveloppera, dans les librairies, la première charge anti-Microsoft dépassant les cénacles internautes, les diatribes de concurrents lésés et les soliloques d'utilisateurs mécontents. Le Hold-up planétaire, livre d'entretien de Dominique Nora, journaliste au Nouvel Observateur, avec Roberto Di Cosmo, chercheur informatique, paraît deux semaines avant l'ouverture du procès de l'administration américaine à l'encontre du numéro un du logiciel. Le livre revient sur la plainte à l'origine de ce procès, mais s'engage dans une attaque bien plus large: «Microsoft nous vend cher des produits médiocres dont nous ne voulons pas, et cette entreprise monopoliste nous oblige à payer une taxe sur l'information quand elle change ses standards.»
Maître de conférences à l'Ecole normale supérieure, Roberto Di Cosmo, 35 ans, est déjà connu de dizaines de milliers d'internautes qui ont lu sa prose anti-Microsoft sur le Web. En mars, il publiait sur le site québécois Multimedium, consacré à l'actualité des nouvelles technologies, un texte intitulé «Piège dans le cyberespace» (1). Il accusait déjà Microsoft d'opérer un «lavage des cerveaux» et un «racket sur les consommateurs» (Libération du 10 avril 1998). L'auteur se dit impressionné par les réactions à son texte: des bénévoles l'ont traduit en anglais et en italien. D'autres peaufinent des versions en espagnol et en allemand. Di Cosmo reçoit au minimum une dizaine d'e-mails par jour sur le