Tokyo, de notre correspondante.
Pendant cinq jours, la durée de sa période de formation, l'ensemble des faits et gestes de Yumiko ont été filmés et revisionnés, pour subir enfin l'analyse de spécialistes. Embauchée à 24 ans par l'une des plus grandes sociétés immobilières japonaises, elle a suivi avec 120 autres nouvelles recrues un stage de formation intensif. Obligatoire avant d'occuper ses fonctions. «Un vrai lavage de cerveau!» Pendant toute la durée du stage, interdiction de sortir du complexe, situé en banlieue de Tokyo. «Tout y est passé: notre façon de marcher, de nous incliner, de sourire. En un sens, le stage m'a été utile. Mais on avait vraiment l'impression de se faire disséquer en public.» Pour fabriquer des employés modèles et fidèles, le Japon n'a sans doute pas son pareil. Et la crise n'y a rien changé. Malgré les licenciements auxquels procèdent aujourd'hui les entreprises japonaises, le pays continue comme si de rien n'était à former des employés à vie. Et ce n'est pas le moindre des paradoxes d'une tradition de plus en plus contestée.
Formatage maison. Sitôt embauchés, les jeunes diplômés se voient donc toujours inculqués les valeurs de base de l'entreprise. Des instituts spécialisés indépendants en sont souvent chargés. Il faut apprendre la façon maison de répondre au téléphone, de servir le thé, de parler à ses supérieurs ou aux clients, de marcher, d'échanger ses cartes de visites. On apprend aussi comment s'habiller, se coiffer, s'asseoir dans un taxi,