Bonn, de notre correspondante.
Dans un pays accroché au mythe de l'indépendance et de l'infaillibilité de sa banque centrale, le propos a de quoi choquer: «Que la Bundesbank mène sa politique monétaire comme s'il n'y avait pas de développements problématiques dans le monde financier, je considère cela erroné», lance Oskar Lafontaine dans une interview à l'hebdomadaire Der Spiegel publié hier. Le propos est d'autant plus hardi que l'auteur est donné comme prochain ministre des Finances allemand et qu'il ne manque plus une occasion publique pour lancer une pique contre la prestigieuse banque centrale. La Bundesbank «n'est qu'un rassemblement d'anciens secrétaires d'Etat qui ont parfois pris des décisions qui n'étaient pas justes», disait-il vendredi à Bonn.
Depuis la victoire de son parti aux législatives, Oskar Lafontaine ne laisse plus passer un jour sans attaquer la Bundesbank et plaider pour deux causes peu orthodoxes jusqu'à présent en Allemagne: réduire les taux d'intérêt pour favoriser l'emploi et restreindre les fluctuations des principales devises mondiales. Pour achever de faire enrager la Bundesbank, il élève en contre-modèle la Reserve fédérale américaine, vantée pour avoir récemment baissé ses taux.
Très nouveau en Allemagne, ce ton est le premier signe que la victoire des sociaux-démocrates, tout «centristes» qu'ils se veulent, annonce tout de même un tournant. Une série de banquiers allemands ont pris position hier en faveur d'une baisse concertée des taux en Europ