Au début de l'année 2002, une dizaine de milliards de billets de
banque, libellés dans onze monnaies différentes, seront échangés contre une dizaine de milliards de billets en euros. L'opération, gigantesque, devrait être concentrée sur six semaines. La plupart des Européens n'auront à convertir que quelques centaines de francs: leurs fonds de tiroir. Mais quelques-uns, pour une raison ou pour une autre, ont sous leur matelas des paquets de billets de banque qu'ils devront convertir. C'est le cas des trafiquants de drogue et autres criminels, qui devront transformer l'équivalent de 1 500 milliards de francs en euros. D'où la crainte de voir le passage à l'euro devenir une gigantesque opération de blanchiment. Dans le flot des demandes de conversion, les contrôles risquent d'être relâchés, ce qui ferait l'affaire des «blanchisseurs» (lire Libération du 15 avril).
Sensibilisation. Pour limiter ce risque, les 30 fonctionnaires de la cellule Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins), chargée en France de débusquer les opérations financières illicites (lire ci-contre), tentent de sensibiliser les banquiers. Lundi soir, quatre d'entre eux sont venus au siège de l'Association française des banques tenter de convaincre qu'il n'y avait guère de raisons de s'inquiéter" pour peu que les banquiers redoublent de vigilance et n'hésitent pas à leur signaler toute opération suspecte.
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