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Libération

Cockerill bradé, la Wallonie amère. Le sidérurgiste belge devrait être racheté à prix cassé par le français Usinor.

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publié le 12 octobre 1998 à 13h48

Liège (Belgique) envoyé spécial

Le haut fourneau se voit de loin, gros tas de ferraille couleur de rouille surplombant la ville. Un défilé de péniches y apporte le minerai de fer par la Meuse et le canal Albert. Des wagons-citernes repartent en sens inverse le long des berges, transportant la fonte en fusion vers la coulée continue, à quelques kilomètres de là. Les rails traversent encore un bout de banlieue jusqu'au laminoir, où les brames, de lourdes plaques d'acier, sont transformées en bobines de quelques millimètres d'épaisseur, futures portières de voitures ou carcasses de machines à laver. Ici, à Liège, toute la vie économique tourne autour de ces usines sidérurgiques. Elles appartiennent à Cockerill Sambre, sixième entreprise de Belgique, première de Wallonie. Et elles sont à vendre. «Pour pas cher», peste un syndicaliste.

C'est bien le problème. Cockerill va sans doute être cédé dans quelques jours au groupe français Usinor, pour un prix très inférieur à sa valeur réelle. Propriétaire de l'entreprise, la Région wallonne espérait, en cédant 53,7% du capital, récolter jusqu'à 40, voire 50 milliards de francs belges (6,5 à 8 milliards de francs français). Elle devra se contenter, selon nos informations, d'une somme comprise entre 20 et 30 milliards de francs belges (3,3 à 4,9 milliards de francs français).

Remise à flot. L'affaire suscite beaucoup d'amertume dans la région. L'entreprise y emploie encore 8 000 salariés, subventionne l'orchestre philharmonique et le club d