On ne sait toujours pas qui a gagné et combien sur Adidas. Sa valeur
est passée de 2 à 4, puis 11 et enfin 30 milliards de francs. A chaque étape, des zones d'ombre planent encore. Robert Louis-Dreyfus (RLD), principal bénéficiaire, a avoué une plus-value de 2,5 milliards. Mais ce Français résident suisse a utilisé tellement d'astuces fiscales (il n'a pas payé un franc d'impôt sur les plus-values) qu'il est difficile de prendre ce chiffre pour argent comptant. Quant au Crédit Lyonnais, après bien des dénégations, il a fini par admettre une plus-value de 1,6 milliard, en plusieurs phases. Dans un premier temps, en février 1993, la banque avait orchestré la sortie d'Adidas de Bernard Tapie Finances pour 2 milliards de francs. BTF encaisse une plus-value de 240 millions. Le Lyonnais reprend 20% du capital et prête de l'argent (à 0,5% d'intérêt, prix d'ami) aux autres repreneurs: deux curieux fonds off-shore (35%) ainsi que RLD (15%). «C'est le Crédit Lyonnais qui était le propriétaire d'Adidas», a avoué devant le Parlement son président, Jean Peyrelevade. Avant de se rétracter: ce système de prêt a précisément pour but de dissimuler la manoeuvre. Dans un deuxième temps, en décembre 1993, RLD a racheté 95% d'Adidas pour 4,2 milliards. Par contrat, le Lyonnais devait empocher 66% de la plus-value à ce stade: 500 millions selon elle, ce qui paraît bien peu, la valeur d'Adidas ayant doublé en quelques mois. Et ce n'est pas fini, puisque la banque avait de nouveau prêté de l'argent