La tension monte dans l'aéronautique européenne. Alors que le
britannique British Aerospace (BAe) et l'allemand Dasa ne cachent plus leur projet de s'allier sur le dos du nouvel ensemble hexagonal Aérospatiale-Matra (Libération d'hier) si celui-ci reste marqué par une forte présence de l'Etat dans son capital (environ 48%), les pouvoirs publics français fomentent leur riposte. «Nous n'accepterons aucun accord déséquilibré dans ce secteur stratégique», déclare-t-on à Paris de source gouvernementale. Décryptage: si BAe et Dasa devaient fusionner, Paris pourrait exiger un coleadership d'Airbus (50% pour Aérospatiale-Matra, 50% pour les autres membres que sont BAe-Dasa-Casa) ou menacer de geler la transformation du consortium simple GIE en société privée. Ce n'est pas un hasard si cette dernière opération traîne. Plus que le projet de constituer une mégasociété européenne civile et militaire, l'avenir d'Airbus est le grand enjeu des bras de fer actuels. Le consortium s'est arrogé près de la moitié du marché mondial des avions commerciaux au détriment de Boeing. Il fait miroiter de grosses retombées financières à ses quatre membres: Aérospatiale (37,9%), Dasa (37,9%), BAe (20%) et l'espagnol Casa (4,2%). Son statut de GIE fait qu'il n'a pour l'instant aucune maîtrise de ses coûts et qu'il souffre d'une lourdeur de fonctionnement. D'où le projet de le transformer en société privée capable de rapporter le plus gros possible à ses propriétaires. La France estime qu'elle n'a aucu