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Libération

Béghin-Say jette de l'huile sur le sucre. La direction a «fermé» hier les six usines en grève contre l'accord 35 heures.

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publié le 14 octobre 1998 à 13h59

La bataille du sucre, engagée lundi par la CGT, a

rebondi mardi. La direction du groupe Béghin-Say (2 460 salariés dans le sucre) est passée à la contre-attaque. Elle a annoncé hier «la mise au repos» de six de ses dix usines sucrières. Une décision unique dans les annales du groupe, selon les syndicalistes. Opposée à l'accord-cadre de branche signé en août par le Syndicat national français du sucre (SNFS) et les syndicats FO, CGC et CFDT sur les 35 heures, la CGT avait lancé un mouvement de 24 heures dans les 45 sucreries de la branche. Chez Béghin-Say, et plus particulièrement dans six sucreries, le mouvement était massivement suivi (Libération du 13 octobre). Et gênant pour la direction: un arrêt de travail de deux heures par poste signifie huit heures d'arrêt par jour de l'outil de travail, puisque quatre équipes travaillent en «campagne», lorsque les sucreries transforment les betteraves en sucre. Le succès aidant, la CGT de Béghin-Say avait donc décidé de continuer le mouvement.

Dès la semaine dernière, la direction avait lancé la menace d'une «liquidation», c'est-à-dire l'arrêt des installations, en cas de conflit long. Hier, elle est donc passée aux actes. «Au poste du matin, l'ingénieur-chef est passé dans les rangs. Si vous faites grève, a-t-il prévenu, on fermera l'usine», explique Jean-François Picodot, militant CGT de l'usine de Connantre (Marne), la plus grande usine d'Europe. «Ils nous ont aussi expliqué que les cadres étaient fatigués de redémarrer la productio