Bruxelles (UE), de notre correspondant.
Sans craindre d'être taxé de ringardise, Lionel Jospin a ressorti le keynésianisme de la naphtaline. A l'issue d'un entretien avec Jacques Santer, le président de la Commission européenne, hier à Bruxelles, le Premier ministre socialiste s'est dit prêt «à examiner avec nos partenaires les initiatives qui donneraient un élan supplémentaire à (") la croissance économique, au-delà des choix de politiques nationales qui restent du ressort de chaque Etat et de la coordination des politiques économiques autour de l'euro». Pour lui, il est nécessaire de donner un coup de pouce à la croissance, car si, dans l'Union européenne, «les taux d'inflation sont extrêmement faibles (") et les taux d'intérêt (") très bas», le chômage reste très élevé.
Déjà, jeudi dernier, lors de son interview sur France 2, il s'était demandé «si on ne devrait pas penser, c'est une idée que je lance en tout cas, à un emprunt européen qui pourrait financer aussi des nouvelles technologies, des développements d'infrastructures». Les mots qui font peur sont donc lâchés: initiative européenne de croissance, emprunt européen, grands travaux, en clair, du keynésianisme européen. Lionel Jospin espère que la vague rose qui a submergé l'Union permettra à ses idées de prospérer: «Je suis convaincu que le nouveau gouvernement allemand et la plupart de mes collègues européens seront favorables à un soutien plus grand à la croissance et que cela nous aidera à passer cette phase un peu