Plock de notre correspondante
Dans la bagarre entre sites d'un même groupe pour défendre leur survie, l'usine polonaise de Levi's s'en sort bien. Avec ses coûts de production inférieurs à la moyenne, Plock est le bon élève du groupe américain, qui menace implicitement l'avenir des sites belges et français, où des suppressions d'emplois ont été annoncées. Ses 650 salariés, dont 70% sont des femmes, se considèrent comme des fortunés dans cette ville de 116 000 habitants, située à 120 kilomètres au nord-ouest de Varsovie, souffrant d'un taux de chômage très élevé (13,5% en juillet, la moyenne nationale étant de 9,5%).
«Le travail y est dur, très, très dur, mais l'essentiel est d'en avoir un», dit Beata, 34 ans, qui travaille à l'usine Levi's depuis son ouverture, en 1992. En sept ans, elle est passée par différentes tâches dans l'atelier de couture et réalise aujourd'hui 140% de la norme, qui est fixée à 1 440 ourlets par jour. «Pas le temps de souffler, de griller une clope, si ce n'est pendant la pause-déjeuner de trente minutes. Avant [à l'époque communiste, ndlr], le travail n'était pas aussi crevant, se souvient-elle. Mais les temps ont changé, on gagnait peu mais on n'avait rien à acheter, aujourd'hui on gagne relativement bien, mais la vie est devenue très chère, et les appétits ne cessent d'augmenter au fur et à mesure que l'on mange.» Son salaire brut, les bons mois, peut atteindre jusqu'à 3 150 F, alors que la moyenne nationale est de 2 280 F. Ses copines de l'usine tex