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EMPLOI. LE NOUVEAU PRÊT-À-RECRUTER. Comment les entreprises s'y prennent pour recruter ces candidats qui leur font défaut. Multinationales. Réimportation d'ingénieurs. Pêche en Suède

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publié le 19 octobre 1998 à 12h07

La scène se passe à KTH, l'Ecole polytechnique de Stockholm, il y a

une semaine, où se tenait le premier Forum nordique. Dans une petite salle de l'établissement se rencontrent, d'un côté, des recruteurs d'entreprises françaises, et de l'autre, des étudiants ou de jeunes ingénieurs français expatriés en Suède. Ce jour-là, Luc présente son parcours à Jean Bouvaist, directeur de recherches chez Pechiney, sergent recruteur et vieux routier de ce genre de forums. Luc, diplômé d'une école de génie industriel, est sur le point d'être recruté par une boîte suédoise. «Voilà, dit Jean Bouvaist au jeune ingénieur en ouvrant un classeur, on doit recruter 206 personnes, on n'y arrivera pas. Un poste en productique au labo central en Lorraine, tout de suite, ça t'intéresse?» L'autre n'est pas prêt à revenir en France. «On garde le contact.»

Candidat suivant. Etienne, ingénieur diplômé, poursuit une thèse de physique à KTH. «Est-ce que je peux intéresser Pechiney dans trois ans?» s'inquiète-t-il. «Pourquoi dans trois, alors que tu es déjà ingénieur? Tu as 26 ans aujourd'hui, c'est vieux, il ne faut pas traîner.» «Oui mais je fais une thèse, et en Suède c'est cinq ans, pas trois comme en France.» «Si tu fais une thèse, c'est pour te faire plaisir. Ne demande pas à l'entreprise de t'accueillir à bras ouverts quand tu auras 29 ans.» L'autre semble un peu dépité. Jean Bouvaist est venu à Stockholm avec une liste de postes à pourvoir, même s'il ne le claironne pas. «Je suis ici sur la défens