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Interview

EMPLOI. LE NOUVEAU PRÊT-À-RECRUTER. Les entreprises restent à l'affût de méthodes infaillibles pour recruter sans se tromper. «La recherche irréaliste du candidat idéal conduit à des erreurs de jugement»

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publié le 19 octobre 1998 à 12h08

François Eymard-Duvernay est professeur d'économie à l'université de

Paris X-Nanterre et conseiller au Centre d'études de l'emploi (1). Pourquoi y a-t-il ce décalage récurrent entre les besoins des entreprises et la formation assurée par l'école?

Prenons le cas flagrant de l'informatique: les dispositifs d'éducation sont très lourds et ne peuvent être réorientés au gré des fluctuations du marché. Il faut former les enseignants eux-mêmes. L'éducation est l'activité la plus «immobilisée» qui soit. Faire de l'éducation un bien marchand qui tenterait tant bien que mal que mal de coller aux fluctuations de l'activité économique est absurde. Par contre il faut essayer de développer des intermédiations entre ces deux mondes. Il y a déjà de tas de passerelles. Le problème, c'est qu'à l'heure actuelle, les mécanismes de marché déstabilisent l'entreprise et brouillent la relation entreprise-formation. Une économie avec des fluctuations à l'image de ce qui se passe sur les marchés financiers ne peut avoir aucun système d'éducation viable. Les recruteurs cherchent des gens opérationnels sur le court et le long terme, n'est ce pas contradictoire? On peut être expérimenté sans avoir un gros potentiel d'évolution et vice et versa. Les entreprises ont à résoudre cette contradiction. D'où cette impression de pénurie sur le marché du travail, alors même qu'il y a pléthore de candidats. La recherche irréaliste du candidat idéal conduit finalement à des erreurs de jugement, et crée des inégali