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Libération
Interview

Une politique européenne progressiste est nécessaire, estime Jean-Paul Fitoussi. «L'idéologie libérale perd du terrain».

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publié le 21 octobre 1998 à 12h16

Jean-Paul Fitoussi, président de l'Observatoire français des

conjonctures économiques (OFCE), estime que les Etats-Unis et l'Europe ont les moyens de faire face à la crise internationale.

Craignez-vous un ralentissement de la croissance en France et une nouvelle aggravation du chômage?

On peut toujours le craindre. Mais le moteur des exportations, qui avait initié la reprise, s'est éteint au moment où la demande interne a redémarré de façon plus vive que prévu. Or, ce qui compte le plus, pour la croissance européenne, c'est la demande interne. Il faut savoir que, depuis la Seconde Guerre mondiale, 99% de la croissance européenne s'explique par la demande intérieure, consommation et investissement. La crise internationale pourrait donc n'avoir pour conséquence qu'un léger ralentissement de l'activité en France. La croissance européenne dépend des Européens, elle n'est pas un décret de l'étranger.

Même dans le cas d'une récession aux Etats-Unis?

Qu'il y ait ou non une récession aux Etats-Unis n'a pas grande importance pour l'Europe. Depuis le début des années 80, les cycles de croissance en Europe et aux Etats-Unis sont désynchronisés: lorsque l'activité est forte ici, elle est stagnante là-bas et vice versa.

L'Europe n'aurait donc pas à redouter la contagion de la crise internationale?

Cette crise est d'une grande gravité pour un tiers de l'humanité. C'est une mégacrise. Elle superpose une crise de la dette des pays émergents (Russie, Brésil"), une crise déflationniste d'un grand pa