Au loin, la pointe blanche de la fusée est encore immobile. Une
fumée blanche s'élève. Le puissant Vulcain vient de s'allumer, à 18h37 (heure de Paris). Mais il faut attendre sept secondes pour voir l'engin s'ébranler, lorsque les deux propulseurs d'appoint à poudre s'embrasent à leur tour. Bien campée sur ses deux jambes de feu, Ariane s'élève, droit vers le ciel. Le grondement parvient aux oreilles, sur les terrasses de Jupiter, la «tour de contrôle» du centre spatial guyanais. La fusée s'incline, file vers l'est. Deux points lumineux s'écartent, les deux propulseurs ont fini leur travail. La fusée disparaît de la vue. C'est parti pour le troisième tir de la nouvelle fusée européenne, le dernier d'une qualification mouvementée avant sa carrière commerciale.
Après un vol parfait mise sur orbite basse d'une capsule expérimentale de rentrée atmosphérique et sur orbite géostationnaire d'une maquette de satellite les sourires s'élargissent, déluge de déclarations. «Un succès énorme" et un grand soulagement», dit Yvan Illief, ministre belge de la Recherche et actuel président du conseil de l'Agence spatiale européenne. Gérard Brachet, le directeur général du CNES, parle de la «fierté» de l'agence française de l'espace qui avait la responsabilité du développement de la fusée. Jean-Marie Luton, le patron d'Arianespace soulignera la «remarquable démonstration» à destination des clients" et des concurrents. Curieusement, l'euphorie va mettre de longues minutes à venir, comme si l