Le Havre correspondance
Dans le port du Havre, six cents ouvriers soudent, peignent et sablent l'immense coque montée sur cale sèche. Le navire se barde de tuyauteries et se hérisse de radars. Le Stolt Nielsen Monrovia est un fleuron de haute technologie en matière de transport de produits chimiques. Mais les Ateliers et Chantiers du Havre (ACH) vont le livrer avec près de deux ans de retard et devraient fermer aussitôt après. Les cadres ont défilé dans la ville, samedi dernier, avec les ouvriers, banderoles CGT en l'air, suivis des élus locaux et régionaux, toutes tendances confondues. Une mobilisation générale pour défendre près de 2 500 emplois directs et indirects (17% de chômage au Havre). «Un pays comme le nôtre peut-il se passer d'avoir des chantiers de construction et de réparation navales alors que le marché est porteur?», interrogeait Antoine Rufenacht, maire (RPR) du Havre. Las de renflouer les caisses du chantier privé au bord du dépôt de bilan, le ministère des Finances lui avait accordé un mois pour boucler une offre de reprise. Le délai expire ce soir, jeudi.
La crise de la construction navale ne date pourtant pas de la dernière marée. Depuis l'après-guerre, l'horizon n'a cessé de s'obscurcir: en France, en 1950, il y avait vingt chantiers navals; ils ne sont plus que cinq. Le premier plan de restructuration arrive avec la loi d'aide à la construction navale de mai 1951. Mais, dès 1965, le Japon assure 40% de la production mondiale. Puis, partant du principe qu'