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Libération
Interview

«On nous a fait un chantage au départ». La préretraite n'est pas toujours vécue comme une aubaine.

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publié le 26 octobre 1998 à 12h34

Côté salariés, la préretraite est plébiscitée. Il y a une vingtaine

d'années, elle était vécue comme un licenciement, aujourd'hui, les salariés font la queue au guichet de sortie lorsqu'il en existe un. Pas toujours pour les mêmes raisons. Témoignages. François, 58 ans, est sorti d'IBM à Montpellier, il y a trois ans «On m'a poussé dehors mais je n'étais pas seul, 450 personnes de plus de 52 ans que 1 350 sont parties par la porte de la "mise en disponibilité. C'était ça ou rien. On nous a fait un chantage au départ: "Aujourd'hui on vous offre entre 50 et 75% de votre salaire brut pour sortir, demain ça peut changer. J'étais dans l'entreprise depuis trente ans, je m'y sentais chez moi, je pensais y rester jusqu'à la retraite. J'ai eu un choc, même si, en tant qu'élu CFDT, ma carrière était au point mort depuis des années. On a mis la pression sur les anciens pour mieux les remplacer par des jeunes en CDD payés moitié moins. Ça fait drôle de se retrouver dehors à un âge où on est encore en pleine possession de ses moyens. Je n'en veux pas à IBM en particulier, mais à la société en général. Depuis, je fais de la politique, chez les Verts. Je me suis recréé un statut social. D'autres que je connais ont repris un emploi ailleurs, parfois au black, souvent chez des sous-traitants d'IBM. Les quinquas, ça fait de la main-d'oeuvre qualifiée pour pas cher.» Claude, 57 ans, dont vingt-cinq chez France Télécom «Je suis entré aux PTT en 1973, et j'y ai tout fait, du préposé des postes