Séoul, de notre correspondant.
«Plus le piment est petit, plus il pique.» Les dirigeants de Microsoft connaissent désormais la saveur de cet adage coréen, à la sauce particulièrement relevée. Alors que le monde entier semble céder au géant américain, une petite entreprise de logiciels, la Hangul & Computer Co. (H & C), résiste envers et contre tout à la firme de Seattle. Ce bras de fer qui dure depuis maintenant près de dix ans a, la crise aidant, failli tourner à l'avantage de l'américain.
Début juillet, H & C se retrouve, comme de nombreuses PME coréennes, plombée de dettes. Microsoft se propose alors de renflouer la compagnie en faillite, à hauteur de 20 millions de dollars. En échange, H & C doit abandonner son traitement de texte, le Hangul Word Processor, qui détient 80% des parts du marché domestique, contre 11% pour son rival américain. L'aubaine est trop belle pour Bill Gates, qui, depuis dix ans, parvient difficilement à percer ce marché hyperprotégé. Il va jusqu'à effectuer le déplacement sur place et rencontre le président Kim Dae-jung. Le contrat est proche d'être signé, il provoque aussitôt une levée de boucliers sans précédent. Plus de 130 000 surfeurs du Net s'opposent au rachat, et, à la fin de l'été, Microsoft doit plier bagage.
Pari risqué. Jhun Ha-jin, le président de Hangul & Computer, savoure sa victoire: «Nous sommes l'une des seules entreprises dont le chiffre d'affaires augmente. 450 000 nouveaux clients ont acheté notre produit depuis le mois d'août.