Le stress est en train de devenir la première cause de maladie
professionnelle des chauffeurs de bus RATP. L'an dernier, près de 600 machinistes (soit 5,8% sur un total de 9 936) ont été mis en «inaptitude provisoire», comme on dit dans le jargon maison, c'est-à-dire sortis de leur bus pendant quelques mois, pour raisons médicales. Sur ce total, la moitié a été dispensée de conduite pour des motifs dits «psychopathologiques» liés au stress, à l'insécurité, à la souffrance psychique. Le phénomène est nouveau. «Il y encore cinq ans, les agents déclarés momentanément inaptes souffraient plutôt de problèmes physiques, rhumatismes, problèmes dorsaux, un petit quart seulement présentaient des troubles psychiques. Ils étaient pour la majorité anciens dans la fonction, conducteurs depuis dix, quinze ans, voire plus», explique la direction. Aujourd'hui, l'inaptitude touche des gens de plus en plus jeunes, qui ont parfois trois ou cinq ans seulement de conduite, et la moitié d'entre eux sont catalogués «anxiodépressifs». Sur cette population, une personne sur deux s'avoue «fortement stressée», une sur quatre «a peur de l'agression, ne se sent pas en sécurité dans son travail», une sur trois «souhaite changer de métier». La faute aux agressions, croissantes, qui minent le moral des conducteurs. «C'est tous les jours.» Dans ce dépôt-bus de la Seine-Saint-Denis, un responsable confirme: «Des altercations avec les conducteurs, entre usagers, des jets de pierre, des débuts d'incendie dans