Commissaire européen chargé de l'euro, Yves-Thibault de Silguy
commente les difficultés culturelles à communiquer sur l'euro partout de la même façon.
La naissance de l'euro, dans deux mois, sera-t-elle accompagnée d'une grande célébration médiatique?
Cet événement historique mérite d'être expliqué à Paris. Mais nous avons un problème pratique: cela se passera le 31 décembre. Tout le monde aura autre chose en tête. Pourtant il serait dommage de ne rien faire. Nous sommes en train de réfléchir à quelque chose de ludique et de médiatique: comment amener la naissance de l'euro dans les foyers par le biais de la télévision? Mais nous ne sommes pas maîtres en la matière: il faut que cela intéresse les chaînes.
Vous songez à une émission qui passerait sur des télévisions des onze pays?
Pourquoi pas? Mais il est difficile de communiquer sur l'euro de la même façon dans les onze pays. On s'en est rendu compte assez vite. Un jour, des Espagnols m'ont montré un film sur l'euro: ils proposaient de le diffuser à l'échelle européenne. Je leur ai dit: ne passez surtout pas ça en France! Le spot donnait l'impression de vanter un transfert de souveraineté général (rires). En 1995, lorsque j'ai commencé mes interventions sur l'euro, on m'a dit qu'il fallait mettre du coeur! J'ai donc développé le thème: «Il faut apprendre à aimer l'euro.» Ce message passait bien en France. Un jour, je vais en Allemagne et je reprends le même thème. Et on me dit: «Ça ne va pas non? Ce qu'on demande, nous, c'est un