Les contrats à durée déterminée, l'intérim, les stages et les
«contrats aidés» aident-ils leurs titulaires à décrocher un emploi stable? Ou constituent-ils au contraire une voie express vers l'exclusion? Deux chercheurs de l'Insee se posent cette question sensible dans la seconde édition de France, portrait social qui paraît aujourd'hui (lire encadré).
La réponse, on s'en doute, n'est pas simple. Pour déblayer le terrain, Laurence Bloch et Marc-Antoine Estrade commencent par dresser un bilan des «formes particulières d'emploi» (l'appellation politiquement correcte pour les emplois précaires). Premier constat, pas très surprenant mais étayé et chiffré: sauf sur la période récente, où la forte reprise de la croissance a sensiblement amélioré le marché du travail, la précarité a augmenté au cours des années 90. Tandis que l'emploi salarié total progressait de 9% entre 1983 et 1998, le nombre d'emplois précaires quadruplait sur la même période. Aujourd'hui, près d'un salarié sur dix est un salarié «particulier». Cette population, comme disent les statisticiens, est «plus féminine, plus jeune, moins diplômée et moins qualifiée» que le reste de la population salariée, encore que ces différences tendent à s'atténuer.
CDD, passage obligé. Ces salariés en position difficile ont-ils au moins l'espoir d'occuper à terme un emploi stable? De moins en moins, soulignent les auteurs. Pour preuve: 35% des personnes qui, en 1991, étaient titulaires d'un CDD, d'un contrat d'intérim, d'un stage ou