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Libération

Champagne en Suisse se fait du beurre. Un village profite de son nom pour vendre un rosé. Les Français s'étranglent.

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publié le 30 octobre 1998 à 12h54

L'affaire tient du Clochemerle franco-suisse, mais Jacques Chirac va

pourtant l'évoquer lors de son voyage d'Etat dans la Confédération (lire ci-contre): un village du canton de Vaud fabrique du vin rosé «tranquille» sous des étiquettes «Champagne», ce qui provoque un émoi certain du côté de Reims, chez les spécialistes du «pétillant» de luxe. Les producteurs vaudois s'estiment dans leur bon droit, puisque leur village s'appelle" Champagne, et ce depuis l'an 155 après JC. Même s'ils n'ont eu que récemment l'idée de rebaptiser «Champagne» ce qui se vendait habituellement sous l'étiquette «Bon Villars».

Côté français, on brandit le traité bilatéral signé avec la Suisse sur la reconnaissance des appellations d'origine contrôlées (AOC) pour accuser les Vaudois d'utiliser la notoriété des Champenois en trompant le client au passage.

«Par principe.» Certes, le traité admet la coexistence de deux marques homonymes, mais pas quand la notoriété de l'une précède et écrase celle de l'autre. Alors, tandis que la Direction des fraudes (DGCCRF) et le Comité interprofessionnel des vins de champagne (CIVC) s'apprêtent à plaider le dossier en justice, les présidents Chirac et Cotti vont essayer la voie diplomatique.

«C'est plus une question de principe que d'enjeux économiques», reconnaît-on à l'Institut national des appellations d'origine. Champagne, petit village de 650 habitants, ne produit en effet que 10 000 bouteilles par an sur 28 hectares. «En France, il existe plusieurs dizaines de vil