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Libération

L'homme de fer du Havre. Jean-Louis Jegaden, militant CGT très écouté des chantiers navals, prône l'unité plutôt que la grève.

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publié le 30 octobre 1998 à 12h54

Le Havre, correspondance.

A 9 heures, les Havrais ont commencé à se réunir devant la Maison des syndicats. Lui est arrivé, discrètement. N'a pas pris le micro tout de suite. Puis s'est adressé à la foule amassée sur la place et tout le monde s'est tu. Lui, c'est Jean-Louis Jegaden, secrétaire du CE des Ateliers et Chantiers du Havre, aujourd'hui un des personnages centraux de la ville. Hier matin, ils étaient 3 000 selon la police, 7 000 selon la CGT, réunis sous la pluie pour protester une fois encore contre la fermeture programmée des ACH. «Le plus important dans ce combat est notre unité, dit ce cégétiste, ancien ajusteur de 47 ans, entré aux chantiers il y a plus de vingt ans avec un CAP de mécanique. Avec les dirigeants de l'entreprise, qui poursuivent les négociations avec des repreneurs potentiels, et avec les élus de la ville et de la région. Nous avons tous le même objectif: que la construction navale vive au Havre et en France.»

Au Havre, l'heure est encore à l'union sacrée. Et tant que la ville fera front derrière les 800 ouvriers de la navale, Jean-Louis Jegaden peut espérer maintenir en vie les chantiers. Au-delà des deux ans qui leur restent à construire les trois chimiquiers commandés par l'armateur norvégien Stolt Nielsen. Pour le délégué cgt, le mot d'ordre est dans l'immédiat: «On ne fait pas grève, on n'occupe pas.» Il a réussi à en convaincre les salariés, qui voulaient en découdre tout de suite. Pour prouver que le chantier est viable, si, comme il l'espèr