Au siège de Moulinex à la Défense, vendredi, Pierre Blayau se
console. «Si la même chose était arrivée en 1996, nous serions morts.» La crise russe a pris pour Moulinex une allure de Bérézina. Plus une bouilloire, plus un aspirateur ne prend la route de Moscou. Le courant d'affaires avait baissé de moitié au premier semestre. Pour le second, Pierre Blayau résume ainsi la situation: «C'est zéro.» Les importateurs avec qui l'entreprise travaille sont incapables de payer la marchandise. Car Moulinex ne prend aucun risque: la marchandise se paye cash et en devises.
Le groupe normand se voit donc amputé de près de 10% de son chiffre d'affaires. Conséquence, il va falloir remettre une louche de rigueur, alors que l'entreprise se remettait du plan de 1997 (2 100 suppressions de postes, fermeture d'usines, etc.). Cette fois, c'est l'Irlande qui va supporter le poids des licenciements. Le site de Limerick, principal employeur de la ville, avec 500 postes, va fermer. Les coûts salariaux ont beau y être inférieurs de 20% à ceux des usines françaises, le patron a préféré tailler dans l'île plutôt que dans l'Hexagone. «On se retrouvera sur la logistique et sur une meilleure répartition des charges de travail», explique-t-il. De toute façon il était difficile de recommencer l'opération de 1996 en France. L'usine de Falaise (Calvados) va tout de même connaître vingt jours de chômage technique. Et l'ensemble des salariés, qui pratiquent la loi Robien (33,15 heures payés 38), vont travailler