Renault licenciant des syndicalistes" à la demande d'autres
syndicalistes, c'est peu courant. Cela s'est passé en septembre dans son usine turque de Bursa, près d'Istanbul, détenue à 51% par Renault et à 49% par le groupe turc Oyak. Louis Schweitzer, le PDG de Renault, a inauguré la chaîne d'assemblage le 24 septembre en compagnie du président turc Suleiman Demirel et vient de confier à l'usine la fabrication exclusive du break Mégane. Quelques jours auparavant, vingt syndicalistes avaient été mis à la porte. Motif: grève illégale, tentative de création d'un syndicat dissident. L'histoire commence le 17 septembre. Le syndicat Turk Metal signe un accord salarial avec le patronat de la métallurgie. Mais il n'obtient que la moitié du rattrapage par rapport à une inflation qui frôle les 90%. Ce qui provoque la colère des métallurgistes dans tous le pays. Le 18 septembre est un jour de grève et de manifestation à Bursa, pôle de l'automobile où sont implantés, outre Renault, Fiat, Mercedes, Bosch" De plus, les ouvriers déclarent vouloir quitter en masse Turk Metal, syndicat proche des kémalistes de droite, pour un autre, le Disk, plutôt à gauche. Or la loi turque est formelle: la grève est interdite en dehors de formes très contraignantes (préavis, négociation) et ne reconnaît qu'un seul syndicat par entreprise. Turk Metal a donc le monopole de la représentation chez Oyak-Renault. En conséquence de quoi, vingt «meneurs» furent licenciés par la direction sur dénonciation des respo