La grande société aéronautique européenne est en train de se faire
lentement, mais sûrement, à coups de déclarations médiatiques. Pour la première fois, hier, un ministre du gouvernement français, Alain Richard, chargé de la Défense, a déclaré sur Europe 1 que «toutes les conditions» étaient remplies pour arriver à un accord sur une fusion entre les groupes aéronautiques français Aérospatiale-Matra, britannique BAe et allemand Dasa «dans les deux prochains trimestres».
Manoeuvre habile. Sachant que l'homme n'a pas l'habitude de prendre des risques inconsidérés, sachant que BAe et Dasa refusent obstinément de s'associer si l'Etat conserve son emprise sur leur homologue français, les déclarations d'Alain Richard impliquent que le gouvernement Jospin a décidé de baisser radicalement sa part dans le futur ensemble Aérospatiale-Matra. Ce que des rumeurs savamment lâchées ici ou là laissent entendre depuis une semaine. L'information est énorme et la manoeuvre habile.
Pression médiatique. Les pressions publiques des groupes BAe et Dasa, menaçant de fusionner à deux et de laisser en rade un ensemble Aérospatiale-Matra marqué au fer rouge de la puissance publique, ont finalement rendu un fieffé service au gouvernement. Celui-ci était parvenu cet été à ramener sa part dans Aérospatiale de 100 à 48% par une fusion avec Matra, sans que les communistes ne cillent. Depuis, il ne savait pas comment satisfaire aux exigences des partenaires européens sans mécontenter sa gauche. La forte pressi