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Interview

Hubert Bouchet, spécialiste du monde du travail à la Cnil: «Je milite pour un droit à l'opacité»

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publié le 9 novembre 1998 à 16h07

Hubert Bouchet est commissaire à la Commission nationale de

l'informatique et des libertés (Cnil), et spécialiste du monde du travail, au titre du Conseil économique et social, groupe FO.

Un employeur a-t-il le droit de mettre en place un dispositif de surveillance des salariés?

Absolument. Mais à condition d'en informer le comité d'entreprise et d'en expliquer les finalités. Dès lors, l'application ne peut servir à autre chose qu'à ce pour quoi elle a été déclarée. C'est ainsi qu'une caissière indélicate a vu son licenciement annulé parce que le juge a considéré que la caméra n'était pas destinée à ce genre de surveillance. Cela dit, les gens doivent être vigilants. Une fois le dispositif mis en place, les salariés finissent par l'oublier. Et on découvre des usages détournés de ces instruments quand il y a plainte. Tout ce qui concerne les fichiers pourrait faire l'objet d'un paragraphe dans le bilan social des entreprises. La directive européenne en cours de transposition prévoit la nomination d'un délégué à la protection des données informatiques dans chaque entreprise. Reste à savoir qui le nommera. On peut imaginer la création d'un statut spécifique et indépendant des directions, comme celui de la médecine du travail.

La surveillance des salariés dans l'entreprise n'est pas un phénomène récent" Ce qui change, c'est la nature des instruments de surveillance, de moins en moins visibles. Autrefois, le contremaître, un interlocuteur humain, surveillait la production des salarié