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Libération

Decaux n'a pas perdu son temps. L'entreprise a profité de la réforme pour se réorganiser.

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publié le 10 novembre 1998 à 16h10

Le père de la Sanisette et de l'Abribus, Jean-Claude Decaux,

expliquait récemment son règne sans partage sur le mobilier urbain publicitaire en une vérité: «Travailler et encore travailler.» L'homme est connu pour sa réussite économique (plus de 3,5 milliards de francs de chiffre d'affaires attendus en 1998), son amitié envers Chirac, ses démêlés avec la justice, et non pour ses largesses sociales. Travailler et encore travailler: il y a peu, les 2 300 salariés du groupe étaient priés de suivre le rythme. «Il fallait qu'on rentre bien fatigué le soir chez nous», résume un syndicaliste. La semaine durait 41 heures pour la plupart, grimpait à 46 heures pour les afficheurs. «En 1995, nous avons entamé des négociations sur la réduction du temps de travail avec les syndicats, rappelle Patrice Gry, directeur des ressources humaines (DRH) du groupe (1). L'objectif était de passer tout le monde à 39 heures pour 1998.» Patatras! En 1997, les 35 heures font leur entrée en scène. Patrice Gry sort sa calculette, multiplie les simulations. Il en sort que le groupe a intérêt à vite adopter ce qui n'est encore que le projet Aubry. «Nous n'avons anticipé le passage aux 35 heures que pour des raisons financières, explique le DRH. Nous avons convaincu Decaux d'y aller. Sans les aides de l'Etat, nous n'aurions pas bougé.» A l'automne 1997, avant le vote de la loi, l'entreprise se lance dans la négociation. Traités à la dur, les syndicats n'en reviennent pas. «Sur le coup, on n'a rien compris.