Qu'on se le dise: la «nouvelle gauche européenne» a une doctrine
économique. Ou, du moins, les socialistes français lui en proposent une. Dominique Strauss-Kahn s'est chargé d'en dessiner les grandes lignes hier à Londres devant le Center for Economic Policy Research (CEPR). En résumé, le ministre français de l'Economie suggère un policy mix, un dosage de politique monétaire et de politique budgétaire, analogue à celui qu'ont adopté, aux Etats-Unis, le président Clinton et le patron de la Réserve fédérale, Alan Greenspan.
La zone euro est devant un «dilemme», a expliqué DSK. Elle a le choix entre une option «politique budgétaire laxiste/politique monétaire serrée» et une option «politique budgétaire stricte/politique monétaire accommodante». La première ressemble à la politique conduite par Reagan et Volcker (ancien patron de la Fed) au début des années 80, mais aussi à celle d'Helmut Kohl/Theo Waigel au début de la décennie 90. La seconde est celle du couple Clinton/Greenspan, et elle impressionne tout le monde, parce que les Etats-Unis en sont à leur septième année de croissance forte.
DSK détaille les arguments en faveur de la seconde formule. Le problème, c'est qu'elle implique que la Banque centrale européenne, maîtresse de la politique monétaire européenne dès la naissance de l'euro, soit d'accord. Il faut donc, explique le ministre français, «créer une atmosphère de dialogue et de confiance mutuelle» entre les gouvernements et la BCE. Les premiers ont quelques argument