«Moi, je m'occupe de mon propre nez, et je ne cherche pas à attraper
le nez du voisin»: le très sérieux président de la Bundesbank, Hans Tietmeyer en est venu hier à cette gracieuse métaphore pour exprimer l'armistice tentée hier entre gouvernements et banquiers centraux français et allemands. Il s'est tourné alors vers son voisin, le ministre allemand des Finances Oskar Lafontaine, connu pour ses attaques répétées contre la Bundesbank et pour son nez pointu.
Depuis l'alternance en Allemagne, le ton était devenu d'une agressivité rare entre le nouveau ministre et la Bundesbank, Lafontaine ne cessant de réclamer une baisse des taux d'intérêt et de sous-entendre que les banquiers centraux sont loin d'être infaillibles. La discussion a dépassé le seul cadre de l'Allemagne et traverse l'ensemble du continent. Réunis hier à Bonn, pour le conseil économique et financier franco-allemand biannuel, Lafontaine, Tietmeyer et leurs deux homologues français Jean-Claude Trichet et Dominique Strauss-Kahn ont tenté de faire la paix des braves. Le ministre allemand a assuré que ses appels à une baisse des taux ont été «interprétés à tort comme une dispute avec la Bundesbank». Et personne ne songe à remettre en cause l'indépendance des banques centrales, a-t-il répété une demi-douzaine de fois. Un peu trop sans doute pour ne pas paraître louche. A voir comment Tietmeyer dressait l'oreille, il est évident que la méfiance reste encore grande.
La prochaine passe d'armes pourrait porter sur un text