Tokyo, de notre correspondante.
Le mal dont souffre l'économie japonaise a un nom: «kashi shiburi», littéralement la «réticence à prêter», qui caractérise les banquiers nippons. Ce constat est au coeur du plan de relance économique annoncé hier par Tokyo (lire ci-contre). Quelque 270 milliards de francs, soit un bon quart du total, sont prévus pour lutter contre le manque de crédits. Car même les géants de l'industrie sont frappés. Deuxième constructeur automobile du pays et numéro 5 mondial, le cas de Nissan est révélateur. Fait exceptionnel, la Banque japonaise de développement, organisme public, va lui accorder un prêt spécial de 4,5 milliards de francs. «Le groupe Nissan concentre toutes les difficultés que traversent les grandes entreprises nippones», explique Takaki Nakanashi, analyste chez Merill Lynch. Il illustre les maux de la deuxième puissance économique mondiale.
«Keiretsu». Le groupe automobile doit 175 milliards de francs à ses banques, soit plus de la moitié de son chiffre d'affaires (environ 300 milliards de francs). Sa situation est d'autant plus préoccupante qu'à l'image des autres grands groupes, Nissan fait vivre une kyrielle de filiales (fournisseurs et concessionnaires) empêtrées dans les mêmes difficultés et qui n'ont d'autres choix que de se tourner vers lui comme ultime prêteur. «A eux seuls, les concessionnaires Nissan sont endettés à hauteur de 45 milliards de francs», selon l'analyste.
Vu de l'étranger, les conglomérats japonais, les «keiretsu», a