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Libération
Interview

«Le danger, c'est que l'économie chinoise est au bord du gouffre». François Godement, spécialiste de l'Asie, doute de l'efficacité de l'Apec.

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publié le 18 novembre 1998 à 14h31

François Godement, maître de recherche à l'Institut français des

relations internationales, historien de la Chine et de l'Asie contemporaine, est l'auteur de Dragon de feu, dragon de papier, l'Asie a-t-elle un avenir?, dernier ouvrage paru en France sur la crise asiatique (1). Dans celui-ci, il analyse les origines et les solutions à apporter à la débâcle des économies asiatiques. Entretien.

La conférence économique Asie-Pacifique (Apec) à Kuala Lumpur paraît s'acheminer vers un fiasco. L'Apec, qui semble incapable de contenir la crise asiatique, sert-elle encore à quelque chose?

La réunion de l'Apec de l'an dernier (à Vancouver, ndlr) avait déjà été un festival de non-coopération qui est resté célèbre pour le silence des Asiatiques et pour la gaffe du président américain Bill Clinton, qui avait qualifié la crise asiatique de simple «anicroche sur le chemin de la prospérité». Aujourd'hui, après un an de silence, l'Apec a véritablement disparu du champ des solutions et même des discussions sur la crise asiatique, alors qu'on lui avait donné un rôle central pour la construction des économies de la région. Ce serait aux Américains, qui ont toujours été la force motrice de l'Apec, d'initier un processus salvateur.

Le Fonds monétaire international (FMI), quant à lui, a-t-il réellement modifié son approche de la crise?

Dans les pays où il est intervenu directement (Thaïlande, Corée du sud, Indonésie, ndlr), le FMI laisse désormais beaucoup plus de place à l'intervention publique. Cette