La bête s'appelle «Poséidon». Elle glisse au fond de la Seine,
étrange croisement d'un minicatamaran et d'une Jeep lunaire, tirant un soc vibrant de onze tonnes qui s'enfonce d'un mètre dans le lit du fleuve. Tractée et téléguidée depuis une barge, elle vient, en quelques mois, à raison de 800 mètres par jour, de creuser une saignée de sept centimètres sur 60 kilomètres de long, du pont de Neuilly à Evry, au fond de la Seine. Une opération destinée à enfouir trois câbles contenant mille cent fibres optiques dernier cri, où circuleront, à la vitesse de la lumière, les communications à haut débit des grandes entreprises françaises. Mardi, à bord du Louisiane Bell amarré près du pont d'Iéna, les dirigeants de Louis Dreyfus Communication (LD Com), de Voies navigables de France (VNF) et de MCI Worldcom France, le trio responsable de ce convoi insolite, ne cachaient pas leur joie d'avoir réussi à devenir les premiers opérateurs de télécoms via la Seine. Une idée angevine. Un conglomérat issu du négoce international, un établissement public et un géant américain des télécoms? Curieux attelage, au prime abord. L'idée aurait germé il y a un an dans la tête de Daniel Rivard, patron de Marais, une société angevine spécialisée dans la mise en terre de câbles, devenu aujourd'hui PDG de Louis Dreyfus Câble. «Quand le marché des télécoms s'est ouvert à la concurrence, France Télécom a réduit ses investissements et j'ai perdu 20 millions de francs de chiffre d'affaires. J'ai alors cherché