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Libération
Interview

Eric Chaney, codirecteur chez Morgan Stanley Dean Witter. «La déflation nous guette».

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publié le 21 novembre 1998 à 14h52

Eric Chaney est codirecteur des études économiques pour la zone euro

à la banque Morgan Stanley Dean Witter. Sa prévision de croissance pour la France en 1999 est une des plus basses de la place de Paris: 2% contre 2,4% pour la moyenne des instituts privés et 2,7% pour le gouvernement.

Vous dites qu'il y a un risque de déflation en Europe. Qu'est-ce que cela signifie exactement?

Simplement que l'inflation a pratiquement disparu (1% dans la zone euro, soit moins de 0,5%, compte tenu d'une surestimation technique dans la mesure de l'inflation) et que, la tendance devant se poursuivre, nous allons vers une baisse des prix de détail. Les crises asiatique et latino-américaine créent des surcapacités énormes qui tireront les prix à la baisse durablement. Je n'agite pas le spectre des années 30, car je crois que ni l'Europe ni les Etats-Unis ne vont vers la récession, mais j'attire l'attention sur le fait que nous entrons dans une zone où les comportements peuvent basculer. C'est déjà un peu le cas de l'industrie manufacturière européenne, qui entre en récession à cause de l'assèchement de la demande mondiale, mais aussi de la baisse des prix de production.

La baisse des prix n'est-elle pas une bonne chose pour les consommateurs?

Bien entendu. Du moins pour les consommateurs américains ou européens, n'oublions pas que son pendant est une perte pour les pays producteurs de matières premières. Le danger est dans une baisse généralisée des prix, car, à un certain point, elle risque de pous