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Libération
Interview

EMPLOI: la bataille du temps de travail. «Définir le temps de repos». Pierre Boisard propose d'inverser le raisonnement.

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publié le 23 novembre 1998 à 14h55

Les 35 heures font remonter à la surface toute une série de

questions, dont celles ayant trait à la définition du temps effectif de travail. Pourquoi ces débats aujourd'hui?

Les 35 heures ne font qu'accélérer un processus qui était déjà à l'oeuvre avec l'émergence de modes de travail de plus en plus diversifiés. La loi Aubry oblige toutes les parties prenantes à réfléchir à des choses qui posaient problème et que l'on contournait en accumulant les situations particulières. Dans un système où le travail est de plus en plus dématérialisé, le temps de travail effectif est difficile à calculer. Et les conventions sur lesquelles on s'était mis d'accord pour le définir sont malmenées. Le temps est-il la question centrale du travail?

C'est traditionnellement ce qui sert à calculer le salaire. On mesure la quantité de travail par le biais du temps. On établit une relation directe entre durée, volume et production. En principe, plus on passe de temps au travail, et plus la quantité produite augmente. Mais quand il s'agit d'un travail plus intellectuel, cette relation directe s'estompe. Dans les activités relationnelles, c'est la même chose. Je pense aux commerciaux et aux services. Il n'y a plus de proportionnalité entre le temps passé et le résultat, et on ne peut plus faire de relation avec le revenu. Or, sans référence à la durée, le contrat salarial s'écroule et on est entraîné vers le contrat commercial. Et il n'est pas exclu qu'à l'occasion des 35 heures, les entreprises soient