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Libération

EMPLOI: la bataille du temps de travail. Des pilotes de ligne «à trois temps». Temps de vol, de service et d'absence s'additionnent mais pas tout à fait...

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publié le 23 novembre 1998 à 14h54

Entre l'instant où les roues d'un avion s'arrachent de la piste et

celui où elles y roulent à nouveau, s'écoule une heure, ou quinze. Pour un pilote, c'est un temps parmi bien d'autres. Matheux de formation, bien organisé syndicalement, le pilote trouve dans l'espace-temps l'occasion de calculs, hermétiques au vulgum pecus, où le facteur «T» revient à chaque étape. Un pilote d'Air France effectue en moyenne entre 450 et 800 heures de vol par an. Sachant que les pilotes des grandes compagnies mondiales gagnent, en moyenne, 550 000 F (brut) par an, l'heure de vol pourrait être estimée à 1 000 F environ. Mais personne ne calcule de cette manière. Primo, le temps de travail ne se limite pas aux vols. Faire du simulateur de vol, répéter l'évacuation de passagers par les toboggans, s'enquérir de la météo, vérifier le fonctionnement des instruments, patienter sur les tarmacs ou se reposer, c'est aussi son métier, qui comprime et étire le temps en permanence. Secundo, le temps n'est qu'un facteur parmi d'autres de la rémunération, dans un métier où la sécurité est impérative. Tertio, les paramètres varient selon les pays. Ainsi, en Allemagne, l'heure de vol sur court-courrier ­ pour laquelle les manoeuvres sont plus nombreuses et l'attention plus soutenue ­ est mieux payée que celle sur long-courrier. A Air France, la question est devenue au fil des ans tellement complexe que, de l'aveu même d'un haut dirigeant, «seule une poignée de syndicalistes et de cadres la maîtrisent vraiment