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Libération

EMPLOI: la bataille du temps de travail. L'avocat et le sablier. Il sert à mesurer les dixièmes d'heure pour facturer le temps aux clients.

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publié le 23 novembre 1998 à 14h54

«J 'ai cherché un sablier de six minutes, parce que j'aime l'objet.

Mais je n'en ai pas trouvé: la cuisson d'un oeuf est de trois minutes!» explique un jeune avocat, fraîchement promu associé. Pourquoi six minutes? Dans ce grand cabinet d'avocats d'affaires parisiens, chacun découpe son temps en dixièmes d'heure. Sur sa «feuille de temps», l'avocat récapitule chaque soir le temps consacré à chaque client, mais aussi les tâches effectuées (formalités, recherche juridique, audience, plaidoirie, étude du dossier"). 0,1 pour six minutes, 0,5 pour une demi-heure, 1 pour une heure. «Un coup de téléphone de vingt minutes, je note "0,3», explique le jeune associé. Lui facture son heure 1 500 F (TTC). A la journée, il est moins cher: la facturation est faite sur la base de 9 000 F par jour, soit «six heures de travail utile». «A l'heure, c'est plus luxueux, le client peut vous appeler tout le temps», précise le même. En réalité, notre homme réalise plutôt douze heures de travail effectif chaque jour. «Dans une journée normale, j'ai facturé douze heures, mais j'avais travaillé quatorze. J'ai tenu compte d'une recherche juridique où j'avais "merdé, et que je n'ai pas "passée.» Dans ce cabinet d'affaires, suivant la qualification et l'ancienneté, l'heure facturée varie de 500 à 2500 F. Comme les clients réclament de plus en plus souvent des devis, les ajustements sont faits par l'associé chargé de la «douloureuse» du client.«Quand un jeune travaille à 500 F et qu'il passe cinq heures