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Libération

EMPLOI: la bataille du temps de travail. L'horloge s'affole. A l'occasion du passage aux 35 heures, les entreprises sont tentées de ne plus compter comme temps de travail tout ce qui n'est pas productif.Pauses, attentes, trajets,repas, tout se discute.

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publié le 23 novembre 1998 à 14h13

Depuis que les 35 heures sont dans les tuyaux, syndicats et salariés

de plusieurs entreprises ont découvert qu'ils travaillaient déjà à temps réduit sans le savoir. «Les mêmes patrons qui comptent si mal le 1,2 milliard d'heures supplémentaires effectuées chaque année viennent maintenant nous expliquer qu'on est déjà à 37 ou 38 heures», explique un délégué. Dans les banques, par exemple, le personnel a appris qu'en déduisant les 14 jours de congés que la branche lui accorde «en plus», il était déjà à 37 heures en moyenne hebdo-madaire. Dans la grande distribution, la fédération patronale veut soustraire les temps de pause. Dans cette maison de retraite, on sait déjà que les horaires de travail resteront inchangés. Motif: sans l'heure de table jusqu'alors comptabilisée dans l'horaire quotidien parce qu'elle pouvait être interrompue à tout moment pour les besoins du service, l'employeur s'estime déjà à 34 heures. Plus l'échéance du 1er janvier 2000 se rapproche, plus nombreuses sont les entreprises qui se livrent à cette chasse au temps. Calculette en mains, elles jouent à déduire de la durée du travail ce qui n'est pas proprement «productif» et qui, usage aidant, accord faisant, a pu entrer dans le calcul horaire hebdomadaire: certains temps de trajet par exemple, la pause, le temps de douche et d'habillage, des périodes d'attente, des astreintes" jusqu'aux heures consacrées à la formation que beaucoup voudraient désormais imputer sur le temps libre. Intérêt de cette traque,