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Libération
Interview

EMPLOI: la bataille du temps de travail. Les moyens de contrôle. «Accéder au décompte de ses heures est un droit». Pour Claude-Emmanuel Triomphe, l'inspection du travail ne peut pas se substituer à l'autocontrôle au sein des entreprises.

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publié le 23 novembre 1998 à 14h55

Claude-Emmanuel Triomphe travaille à la direction régionale du

travail et de l'emploi d'Ile-de-France. Il est à l'origine de l'offensive de l'Inspection du travail sur le contrôle des durées du travail dans la région.

Pourquoi assiste-t-on à une telle crispation autour du contrôle du temps de travail?

La question du contrôle ne peut pas être la question principale des 35 heures. Si c'est le cas, alors la bataille est perdue d'avance. Il faut arriver à mettre en place une organisation du travail performante qui utilise les capacités de travail des gens, sans en abuser. Et le contrôle doit permettre de vérifier la pertinence de l'organisation mise en place. Pour cela, il faut non seulement prévoir un suivi régulier de l'évolution de cette nouvelle organisation, mais aussi se doter d'instruments de mesure qui permettront de procéder à des actions rectificatives, à des tirages de sonnette d'alarme, etc. Qui doit assurer les contrôles?

L'inspection du travail ne se substituera jamais ni aux salariés, ni aux syndicats, ni aux patrons. Les premiers contrôleurs doivent être les négociateurs. Je crois beaucoup plus à l'idée d'un autocontrôle qu'à la multiplication de contrôles externes. Mais un salarié n'accède pas facilement à son propre décompte d'heures travaillées. Soit parce que ce décompte n'existe pas, soit parce son accès est compliqué. Accéder au décompte de ses heures n'est pas une faveur, c'est un droit. Mais beaucoup de salariés, et notamment les cadres, sont habitués à ne