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Libération

Rentable: pas assez, dit l'actionnaire. Shell va fermer son site de Reichstett. 280 emplois sont en jeu.

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publié le 24 novembre 1998 à 14h56

Strasbourg, de notre correspondante.

C'est toujours la même métaphore qui revient: «On est bien portants. On fait en sorte de nous rendre malades pour nous faire mourir.» Les 280 salariés de la raffinerie de Reichstett (Bas-Rhin) ne comprennent pas. Leur sort a été scellé le 19 novembre, quand le conseil d'administration de la Compagnie rhénane de raffinage (CRR) a pris, sous l'impulsion de son opérateur principal, Shell (1), une décision paradoxale: renoncer à l'installation d'une nouvelle unité (un «splitter») destinée à abaisser la teneur en benzène des carburants pour mettre la raffinerie en conformité avec la directive européenne Auto-Oil 1, qui doit entrer en vigueur en janvier 2000.

Curieux sursis. Mais, au lieu d'annoncer la fermeture pure et simple du site, les administrateurs lui ont accordé un curieux sursis: les produits à traiter seront expédiés par barges sur le Rhin dans une autre raffinerie du groupe, près de Cologne (Allemagne), avant d'être réacheminés pour dépôt et approvisionnement à Reichstett. Ce système est censé assurer la pérennité de l'usine jusqu'à la mise en place d'une directive plus draconienne, Auto-Oil 2, attendue pour 2005 au plus tard.

Dès l'annonce de cette mise à mort avec sursis, l'intersyndicale CGC-FO-CFDT a bloqué l'accès à la gare routière de la raffinerie. Les salariés ne comprennent pas, car leur usine est rentable. Le résultat brut après taxes est estimé à 120 millions de francs pour 1998, pour un chiffre d'affaires d'environ 400 mil