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Libération

A l'heure des 35 heures. La tentation du salaire à deux vitessesLe patronat bancaire envisage de payer les nouveaux venus sur la base de 35 heures.

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publié le 26 novembre 1998 à 15h08

Un tabou est tombé. Jusqu'à présent, les branches professionnelles

ont résisté à la tentation de faire apparaître clairement que les salariés nouvellement embauchés d'une entreprise passée aux 35 heures pourraient être payés moins que leurs collègues plus anciens, qui eux, feraient les 35 heures payées 39. L'Association française des banques (AFB) a sauté le pas hier, lors de négociations de branche sur la réduction du temps de travail.

L'AFB propose que la «compensation» salariale du passage aux 35 heures fasse l'objet d'une «indemnité» accordée aux anciens. La manip' est simple. Le différentiel entre le salaire 35 heures et le salaire 39 heures est d'environ 11,5% (1). Les salariés déjà en place bénéficieraient d'un salaire 35 heures, auquel s'ajouterait une indemnité de 11,5%.

Deux avantages. Primo, l'indemnité étant distincte du salaire de base, elle pourrait ne jamais être revalorisée. Secundo, les nouveaux salariés embauchés à 35 heures ne bénéficieraient pas de cette indemnité. Le secteur de la banque, tout en laissant chaque entreprise libre d'adopter ou non cette formule, s'engagerait alors dans une gigantesque «B Scale». Le terme avait été popularisé en France par l'ex-patron d'Air France, Christian Blanc, qui avait négocié en 1995 avec ses syndicats de personnels navigants un système prévoyant un salaire différent (avec un déroulement de carrière partant de plus bas) pour les nouveaux salariés. Il n'est pas sûr que cela fut sa plus heureuse initiative. La B-Scale a