«Dites aux conducteurs que demain il pleut. Ils vont pouvoir faire
grève!», soufflait, hier, grinçant, un passager exaspéré à un «agent d'accueil» hilare, en gare du Nord. A deux pas, dans des bâtiments aux allures d'Algeco, arrivent ou partent à tout instant quelque 350 conducteurs des trains de la gare du Nord. A la «feuille», dès 3 h 30 le matin, ils passent chercher leurs ordres de mission. Ici, celui qui est en «roulement» croise le banal, «de réserve», qui est affecté par la direction en fonction du besoin. Dans la salle des pas perdus, les mains se serrent, on bavarde, on boit un café, on feuillette les tracts syndicaux, on baisse le ton quand passe son chef de traction celui qui inspecte la conduite. La grève de ce vendredi ne fait pas l'objet de débats passionnés. Paris-Nord n'est pas Marseille, où «ça a claqué la semaine dernière». Ici, les changements de roulement (passage au rythme hivernal) qui démarrent samedi ne posent pas de «problème majeur». «Depuis trois, quatre ans, ils font de la concertation. Et puis la charge n'évolue pas trop. Ce n'est pas comme à Paris-Lyon ou Montparnasse, où ils réaffectent des trains, en vue des vacances de neige», explique un conducteur au visage poupin qui travaille sur la banlieue. Cela n'empêche pas la plupart des conducteurs de Paris-Nord d'adhérer à la revendication des syndicats CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD-Rail, qui ont appelé à la grève: les effectifs.
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