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Libération

La dure vie Auchan. Au Havre, la CGT accuse la direction de discrimination.

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publié le 30 novembre 1998 à 15h27

Le Havre correspondance

Elles disent travailler «la peur au ventre». Embauchée il y a vingt-deux ans au rayon boucherie, Catherine Bataille se considère «en sursis». Tous les jours, dit-elle, «je me demande ce qu'ils vont me trouver cette fois-ci». Odette Millet, caissière pendant vingt-cinq ans, lance: «Mon chef vient de me refuser le vaccin contre la grippe (1) en me disant: "Toi, tu peux crever!» Toutes deux sont déléguées CGT chez Auchan au Havre. Les deux dernières: ce syndicat, majoritaire il y a quatre ans, est exsangue. A tel point que l'union locale CGT du Havre dénonce «une chasse aux sorcières» et a porté plainte pour discrimination syndicale avec constitution de partie civile, ce qui a entraîné la mise en examen de la société, de son directeur et d'un responsable du secteur «caisses».

Tout aurait commencé fin 1994, avec l'arrivée de la nouvelle direction. Celle-ci a d'abord affiché une volonté de dialogue: «Le directeur nous a demandé de l'appeler par son prénom», raconte Odette Millet. ça s'est gâté peu après. La grève, lancée par le syndicat, en avril 1995 contre la mise à pied d'une employée aurait entraîné des menaces de sanctions et des incitations à la démission. Laure, depuis vingt-trois ans à Auchan, élue au comité d'entreprise, rapporte les propos de son chef (témoignage versé au dossier): «Je ne veux pas de déléguée CGT dans mon secteur. Vous avez fait grève. Je ferai tout pour vous casser.» Un paquet de lettres arrive aussitôt à l'UL CGT: les syndiqués