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Libération

Dacia, l'ancien fleuron roumain de l'automobile, attend son sauveur. Le constructeur, qui a survécu vaillamment à la transition, est à vendre

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publié le 4 décembre 1998 à 18h32

Colibasi envoyée spéciale

Il est 7 heures du matin. Aux usines automobiles Dacia SA de Colibasi (150 kilomètres au nord de Bucarest et à 20 kilomètres de Pitesti), la relève du matin se prépare à commencer le travail. Le spectacle est impressionnant. Quelque 10 000 ouvriers (sur plus de 20 000 à l'usine) franchissent la porte d'entrée, en silence, disciplinés. Parmi eux, beaucoup de femmes. Le froid est vif en ce matin d'hiver. La majorité des salariés viennent de Pitesti. Ils se sont réveillés à 5 heures pour prendre les bus qui les amènent au travail.

«Changer de mentalité.» «C'est la preuve que l'usine vit», dit un homme qui s'apprête à prendre sa place dans la file. Et «vivre», c'est déjà bien en Roumanie, lorsque la plupart des entreprises sont soit «en crise», soit fermées, et que leurs ouvriers sont en chômage technique, avec la moitié du salaire. Ici, on mesure sa chance, personne n'a été congédié. Malgré les difficultés, l'entreprise a réussi à survivre à la période de «transition vers l'économie de marché». Dacia, avec encore 86% du marché national, a notamment contenu l'offensive de Daewoo qui fabrique ses voitures à Craiova. Pas sans mal. «Pour survivre, il a fallu que nous changions de mentalité, apprendre à donner au marché ce qu'il veut et quand il veut, à un prix tout a fait exceptionnel», dit le directeur de l'usine, l'ingénieur Constantin Stroe. Difficile lorsqu'on a été habitué aux pratiques du communisme: avant 1989, l'usine fabriquait quelque 100 000 véhic