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Libération

Exxon-Mobil s'en remet à l'Antitrust. La nouvelle fusion réveille le souvenir de la Standard Oil de Rockefeller.

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publié le 4 décembre 1998 à 18h33

New York de notre correspondant

Le fantôme de John D. Rockefeller plane avec insistance sur la vie économique américaine. Après avoir été régulièrement évoqué à propos de Bill Gates depuis le début du procès antitrust contre Microsoft (Rockefeller a fait l'objet d'un tel procès), on l'a vu reparaître cette semaine, à l'occasion de la fusion d'Exxon et Mobil. Ces deux sociétés, qui ont annoncé mardi dernier la naissance du premier groupe pétrolier privé mondial, sont en effet des vestiges de Standard Oil, le trust de Rockefeller. «Quand, en 1911, la Cour suprême a décidé l'éclatement de Standard Oil, elle avait divisé l'empire Rockefeller en 34 morceaux de tailles inégales: l'un de ceux-là est devenu Esso puis Exxon, l'autre Mobil. La fusion de ces deux entreprises aujourd'hui revient, au moins symboliquement, à reconstituer plus de la moitié de l'ensemble original. Cette donnée historique et l'ombre de Standard Oil expliquent l'attention particulière dont ce deal devrait être l'objet du côté des autorités antitrust», estime Ron Chernow, l'auteur d'une biographie récente de John D. Rockefeller (1).

L'histoire ne se répète pas, dit-on. Entre la situation du début du siècle et celle d'aujourd'hui, on retrouve pourtant quelques similitudes. Lors de la création de Standard Oil, en 1870, puis dans les décennies qui suivirent, les prix du pétrole étaient, comme aujourd'hui, en forte baisse. C'est pour contrer cet environnement déflationniste que John D. Rockefeller s'était lancé d