Pratiquement toutes les branches professionnelles tentent de
l'imposer dans les négociations sur la réduction du temps de travail. Beaucoup d'entreprises signataires l'ont inclus dans leurs accords: le «forfait tous horaires» connaît un succès grandissant à mesure que l'échéance des 35 heures se rapproche. Forcément, ce fameux forfait est le seul dispositif contractuel, admis par la jurisprudence, qui permette de payer quelqu'un, sans référence à ses heures de travail. Il est censé ne pouvoir s'appliquer qu'aux cadres dirigeants et supérieurs dont «le niveau de responsabilité, la nature des fonctions, la large indépendance et l'importance de la rémunération» le justifient. Mais au moment où se pose l'épineuse question du temps de travail des cadres, où les inspecteurs du travail verbalisent à tout crin, la tentation est grande de l'étendre à d'autres catégories de personnel. L'accord de branche de la métallurgie (UIMM) prévoit par exemple que «les ingénieurs et cadres bénéficiant d'une forte autonomie d'organisation pourront travailler sous le régime du forfait tous horaires», une définition qui inclut les techniciens supérieurs dans les petites entreprises. L'Association française des banques songe à mettre en place des conventions de forfait, avec ou sans référence à un nombre d'heures annuelles à effectuer, pour 40% des salariés environ. Dans la grande distribution, le patronat veut imposer le forfait tous horaires à tous les salariés «dont il est difficile de déterminer