Décembre 1995. A l'issue du long conflit des cheminots accompagné
d'une bonne partie du service public, le paysage syndical apparaît plus morcelé que jamais. D'un côté, les radicaux, irréductibles opposants au plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale, tiennent le haut du pavé. L'alliance des «durs» semble même scellée dans la rue par une poignée de main qualifiée d'«historique» entre le patron de FO, Marc Blondel, et le secrétaire général de la CGT, Louis Viannet. Une partie de l a CFDT les rejoint en formant SUD. De l'autre, un pôle réformiste (CFDT, CFTC, CGC), que ses adversaires accusent de pratiquer un «syndicalisme d'accompagnement», se dessine, emmené par Nicole Notat. Décembre 1998, la donne entre les confédérations est à nouveau tourneboulée. Trois ans auront donc suffi pour bouleverser toutes les alliances.
La CGT, qui s'apprête à porter à sa tête un nouveau secrétaire général en la personne de Bernard Thibault, amorce un rapprochement avec la CFDT, en tentant de se débarrasser de ses contestataires. La confédération de Nicole Notat, accusée par une partie de ses propres troupes de pratiquer un syndicalisme mou où le réformisme proclamé servirait d'alibi à tous les acquiescements, revendique plus fermement qu'hier l'utilisation du «rapport de force» pour faire aboutir ses revendications. Que s'est-il passé entre ces deux dates pour pousser les deux principales confédérations à faire leur aggiornamento dans un sens comme dans l'autre?
La progression de la CFDT. Al