«Si on abandonne là, c'est toute la filière "contrôleurs qu'on
abandonne! Maintenant, on sait qu'on morfle! Si on arrête, on ne repartira plus! Il va falloir être solidaires!» Celui qui parle s'appelle Gilles. Il participait hier, comme chaque matin depuis treize jours, à l'assemblée générale d'une grosse centaine de contrôleurs de Paris-Sud-Est au sous-sol de la gare de Lyon. Les mines sont blêmes, les traits tirés. Le conflit use, mais Gilles est de ceux qu'on écoute. Les délégués syndicaux CGT et SUD-Rail sont chez eux distribuent la parole, prénom par prénom. Après treize jours de grève, et plusieurs avancées de la direction, le débat oscille entre lassitude et radicalisation.(lire ci-contre). Céline, 24 ans, continue calmement: «Je rejoins la dernière intervention, faut pas laisser tomber maintenant.» William, la trentaine, «non syndiqué» il y tient , insiste: «Il faut marteler aux médias qu'on se bat pour des emplois!» Il déplore: «On essaie de nous étouffer dans le cadre régional!» Une voix l'interrompt: «Le national et le régional se renvoient la balle! Marre du ping-pong!» William finit, lyrique: «Ici, on réclame soixante emplois pour justifier ce mouvement. Et dans la dignité! Les emplois, c'est la dignité des hommes!» On applaudit, ou on sourit. «A 58% de grévistes, on ne prend pas le risque que chacun reprenne dans son petit coin?», interroge un réaliste. Echéance. La salle murmure. Bras croisés, un solitaire opine. «Faut être attentifs aux chiffres. Ils