Menu
Libération
Interview

Christian Noyer, vice-président de la Banque centrale européenne: «Un euro fort n'est pas souhaitable». Une monnaie surévaluée «pourrait ralentir l'activité» dans l'Union européenne.

Article réservé aux abonnés
publié le 14 décembre 1998 à 19h35

Francfort, envoyé spécial.

La baisse des taux d'intérêt décidée par les banques centrales de la zone euro, le 3 décembre, suffira-t-elle à contrer le ralentissement de la croissance?

A la rentrée d'automne, après avoir pris en compte les répercussions (que nous espérons modestes) de la crise asiatique sur la zone euro et les dangers existant dans d'autres parties du monde, nous avions collectivement estimé que le bon taux de convergence n'était pas la moyenne de 3,8%, mais 3,3%, c'est-à-dire les taux en vigueur en Allemagne et en France. Très récemment, nous avons reconsidéré l'ensemble des risques et décidé que le bon taux d'entrée dans l'euro était de 3%. Au total, la baisse des taux d'intérêt dans la zone euro au second semestre 1998 aura donc été de 0,8%, légèrement plus que ce que la Réserve fédérale américaine a fait. Il est important d'offrir les conditions monétaires les meilleures possibles pour le développement économique. Cela étant, il ne servirait à rien de pratiquer des baisses de taux agressives si cela devait aboutir à provoquer au bout d'un an une résurgence de l'inflation" qui nous obligerait alors à remonter brutalement les taux d'intérêt et à freiner l'activité! Si l'on veut avoir la meilleure croissance possible, il faut que la politique monétaire soit la plus lisse possible, ce qui n'exclut pas de s'adapter à la conjoncture.

La BCE s'intéresse donc à la croissance?

Dans notre mandat, nous avons certes l'obligation d'assurer la stabilité des prix mais nous